• Lettre ouverte

     décembre 2013

    aux COmités DIocésains de l'Enseignement Catholique,

    aux directeurs diocésains,

    au SGEC,

    aux évêques,

    aux autres écoles du Cantal

     

    Madame, Monsieur,

      

    Un collège de 46 élèves ! C’est sûr, ça ne peut que faire sourire les établissements citadins qui ont le même effectif à la puissance 10. 

    - Sommes-nous moribonds pour que l’on décide de notre fermeture ? 

    - L’établissement n’est-il plus catholique ? 

    - Manque-t-il d’ouverture culturelle comme on l’entend souvent pour décrire une réalité rurale ?

    - Y a-t-il un problème de discipline mal gérée ? 

    - Est-il en dépôt de bilan ?

      

    Non, non et non.

     

    Le collège Saint André à Massiac, c’est : des classes numériques, les élèves de 6èmes équipés à la rentrée de netbook ou tablette, 100% de réussite au brevet depuis de nombreuses années, des élèves primés au concours de la Résistance, une attention particulière aux élèves en difficultés voire en situation de handicap, des sorties cinéma, des voyages à l’étranger, des partenariats avec les entreprises et les écoles post-bac, des actions caritatives, un site internet dynamique, aucune dette financière, des bâtiments entretenus, des élèves témoignant de leur bien-être, des enseignants impliqués en lien avec l'école primaire, une APEL active, des bénévoles OGEC engagés, des contributions familiales à la portée des familles plus modestes, des employés OGEC en CDI pour être cohérents avec nos valeurs, des acteurs témoignant de leur foi...

     

    Bref, un établissement compétitif en bonheur ! Car notre force, c'est aussi la faiblesse du petit nombre.

     

    Ses effectifs sont stables depuis plusieurs années. Il a pour seul défaut d’être le reflet de son département. De ceux où l’on aime venir l’été ou l’hiver parce qu’il y fait bon vivre...

     

    Quand l’Enseignement Catholique annonce fièrement 5000 élèves de plus dans nos établissements en France, c’est vrai qu’il y a de quoi être fier.

     

    Un gros établissement qui compte 35 élèves par classe demandera « naturellement » une ouverture de classe avec bonne foi.

     

    Sauf, qu’il n’y a pas toujours de fermeture « naturelle » de classe pour compenser. Et qu’aujourd’hui, sans le savoir, les plus forts font pression sur les plus faibles, inversant les règles de solidarité.

     

    Pourtant, " le fonctionnement solidaire s'impose à tous les niveaux... Il se déploie dans tous les champs possibles d'activité et prend de multiples formes..." lit-on dans les nouveaux statuts de l'EC.

     

    Or, il semble que l’attention aux plus faibles, chère à la pensée sociale de l’Eglise, soit détournée.

     

    La demande des établissements qui ont des élèves sur liste d’attente est justifiée, tout au moins compréhensible mais qu’en est-il du maillage de l’EC pour être présent sur l’ensemble du territoire ? Localement, nous sommes à trente kilomètres du prochain établissement catholique, et notre cas n'est pas isolé, lui. D'autres petits établissements en France connaissent le même sort.

     

    Fermer un collège, c'est aussi affaiblir localement l'école qui y est rattachée. Mais c'est également mettre en difficulté le ou les lycées qui en dépendent. Peu à peu le maillage risque fort de s'effondrer sur lui-même. Est-ce bien ce que nous voulons ?

     

    Alors que le pape François publie, ce 26 novembre 2013 Evangelii gaudium, la réforme qu'il souhaite pour l’Église où il dit non à l’économie de l’exclusion, à la nouvelle idolâtrie de l’argent, à l’argent qui gouverne au lieu de servir, que disent nos choix pour les petits établissements ?

     

    Favoriser uniquement les gros établissements qui ont du mal à vivre en humanité parce que les élèves sont des chiffres, des masses à gérer, ne serait-ce pas donner à l'Enseignement Catholique un « air de Carême sans Pâques », pour reprendre les mots du pape ?

     

    Il nous rappelle encore que la nouvelle évangélisation n’est pas qu’une affaire de catéchèse. Elle doit s’incarner dans la chair du monde d’aujourd’hui. Or, fermer des petits établissements catholiques, c'est ôter une présence d'Eglise dans nos communautés, perdre la dynamique missionnaire de l'établissement.

     

    A terme, même si l'on peut espérer qu'il y ait des exceptions, ne risquons-nous pas de ne laisser vivre que des établissements rentables qui deviendront privés... privés de référence et de sens ?

     

    On ne peut servir Dieu et l'argent...

     

    Osons continuer le rêve. Osons penser une solidarité concrète entre établissements, des parrainages des grands vers les petits, pourquoi pas ? ...

     

    46 élèves pour un seul collège, ça fait sourire.

     

    Ici, ça fait vivre.

    La Communauté éducative de l'école et collège St André

    à Massiac


  • Commentaires

    1
    SANDRINE CHADELAT
    Samedi 16 Août 2014 à 16:27
    Quelle belle leçon en lisant ce texte , merci à ceux qui l'on écrit. On pourra dire que cette épreuve aura offert de beaux témoignages et révélé une belle solidarité au sein de ce collège. BRAVO A TOUS.
    2
    céline coumoul
    Samedi 16 Août 2014 à 16:27
    Nous vous savons attachés à cet établissement,aux valeurs qu'il représente et investis à 200% auprès de nos enfants et vous en faites une fois de plus la démonstration. Vous pouvez compter sur notre soutien. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin!!
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